Par Pascale Langlois, Scouich
Nous avons roulé pendant plus de 100 km sur une route de terre et de gravier vers le nord, vers Parent. Les feuillus ont tranquillement fait place aux forêts d’épinettes. Aux trois intersections sur la route, les affiches de pourvoiries s’entassent, donnant une petite idée de l’immensité du territoire qui nous entoure. André Benoit, le copropriétaire, nous accueille à la Pourvoirie Mitchinamecus, 80 km au sud de Parent.
Il nous a réservé le chalet le plus près de l’accueil, le plus accessible. Une dizaine de chalets peuplent les 182 km2 de son territoire. Chaque groupe de visiteurs a quatre ou cinq lacs à leur usage exclusif. «À moins qu’ils pêchent sur la rivière, personne ne se croise ici» m’explique André.
Devant notre chalet se déploient un petit lac et une montagne. De l’autre côté du lac se trouve un bloc de sel qui sert à appâter les orignaux. «J’en ai croisé un sur le chemin tantôt. Peut-être que vous serez chanceux.» Malgré nos observations insistantes, on ne croisera pas d’orignal. Mais on aura notre lièvre qui viendra manger sous notre fenêtre matin et soir, un huard qui chantera son amour pendant nos dernières heures, des grenouilles qui se promènent sur les sentiers, une famille de perdrix qu’on surprend dans la forêt.
Les matins sont en douceur, dans la ouate d’un léger brouillard. Pendant notre séjour, j’aurai le temps de lire près de 400 pages d’un roman que j’ai apporté. Alice pratique son vélo autour du chalet pendant qu’Émerik déchiffre les règlements d’un jeu de société. Pas de réseau, de l’électricité seulement pour les lumières.
Fiston a eu peur de s’ennuyer mais il a vite fini par trouver de quoi s’occuper. Cette déconnection me permet d’écouter. Une vague anxiété que je traine trop souvent s’est dissipée. La paix, à l’extérieur comme à l’intérieur.
André nous fait faire le tour d’une partie de la pourvoirie, nous expliquant les habitudes de la faune qui l’habite, des techniques utilisées par les pêcheurs, les trappeurs et les chasseurs qui la visitent, de ses combats avec les compagnies forestières. Il travaille sur la pourvoirie depuis 2004. Au moment où les anciens propriétaires le recrutent, il pose une condition : «On va mettre des bateaux sur tous les lacs et aucun bateau de l’extérieur ne va entrer ici.» Il voulait protéger les lieux des espèces envahissantes. La protection : c’est le maître mot de sa philosophie. «On ne peut pas vendre plus que ce qu’on a.»
André nous emmène à la pêche sur un petit lac qu’il réserve à ses petits-enfants. Tout comme notre tentative du lendemain, cette pêche est infructueuse. Les enfants n’ont pas la patience de rester plus d’une heure sur le bateau et l’eau chaude de juillet n’encourage pas les poissons à venir mordre à l’hameçon. Mais Samuel, l’employé d’André, nous offre généreusement quatre belles prises qui seront mangées avec plaisir au souper.
Pour occuper notre temps, nous nous promenons sur les sentiers autour du chalet, nous faisons une petite sortie en canot sur notre lac et nous partons en exploration des fosses à pêche sur la rivière. Il n’y a pas d’activités organisées, tout se fait à notre rythme, celui de notre énergie, de nos siestes, de nos repas et de nos envies. André nous montre aussi les meilleurs endroits pour cueillir bleuets et framboises. La récolte est si fructueuse que nous en rapporterons à Montréal. Un morceau de vacances à la maison!
Par Pascale Langlois – Scouich
Merci sincèrement à Monsieur André Benoit, le copropriétaire, qui a accueilli chaleureusement la petite famille 🙂
Maman 3X, blogueuse voyage et plein air, j’écris, je souris, je cours, j’essaie d’être une sirène et je ris fort.