Les gardiennes de Ferme-Neuve

Ça bourdonne, à Ferme-Neuve ! L’entreprise familiale Miels d’Anicet, devenue chef de file dans le milieu apicole, fait valoir son riche territoire et ne cesse de grandir.

L’offre touristique de Miels d’Anicet s’est développée ces dernières années et les produits se sont diversifiés. Dans sa jolie boutique, on retrouve les miels de saison, en plus d’une gamme de soins corporels faite à base de la cire récoltée par les abeilles. Il y a aussi une valorisation du miel en cuisine à la charmante cantine Pollens et nectars. Puisque le miel a des propriétés et bienfaits antioxydants, on le retrouve un peu partout dans les plats du menu, accompagnant des rillettes, des salades, des burgers ou pizzas. « Le miel, c’est bien moins plate que du sucre, tranche la copropriétaire Anne-Virginie Schmidt. Ça a une panoplie d’arômes. Même les chefs n’avaient pas réalisé tous les goûts offerts dans les miels jusqu’à il y a environ 15 ans. On en profite donc aussi pour concocter des produits gourmands comme des confitures, des pains d’épices. »

On arrive à Ferme-Neuve, ancienne contrée de bûcherons, en longeant la route 309 à partir de Mont-Laurier. Les Hautes-Laurentides ont un charme sauvage. Lorsqu’on passe du temps dans la région, on explore des routes parsemées de lacs, de rivières, de montagnes et de territoire forestier. C’est dans ce territoire à la beauté brute que la famille Desrochers a décidé de s’installer en 1978 et de faire butiner ses premières abeilles. Elles se sont multipliées et sont devenues gardiennes d’un environnement au climat nordique, entre rivière et montagne : le domaine des Miels d’Anicet. Aujourd’hui, c’est Anicet, le fils ayant grandi autour des ruches, qui a repris le cheptel de son père et qui est devenu une rockstar des abeilles. Sa conjointe, Anne-Virginie, et lui ont développé ensemble la culture du miel au Québec.

« On a un terrain magnifique. Nos abeilles sont bien et en santé, note la copropriétaire Anne-Virginie. » Lorsqu’on parle d’agriculture, on mentionne souvent l’importance du territoire, mais en apiculture, l’ancrage est d’autant plus profond puisque l’abeille rend son habitat singulier par son travail. « Le miel est la plus belle empreinte d’un territoire, explique Anne-Virginie. L’abeille butine trois kilomètres autour de sa ruche. Elle prélève le nectar d’une multitude de fleurs, autant dans les arbres que dans les fleurs sauvages ou les champs. Ainsi, le miel d’ici ne goûte pas le miel de la Gaspésie qui ne goûtera pas non plus le miel de l’Abitibi. On se disait :  »Wow ! Il faut que les gens goûtent les particularités de nos miels dans les Hautes-Laurentides. » »

Le plaisir de recevoir

Anne-Virginie Schmidt, photo Simon Jodoin

Le site des Miels d’Anicet est non seulement riche en curiosité, il est accueillant et vivant. Sur un vaste territoire avec vue sur des vallons et la montagne du Diable, des dizaines de ruches où travaillent des milliers d’abeilles sont installées sur les vastes terres qui jouxtent le paisible rang 2 de Gravel. On y sent toujours un bourdonnement autour de soi, mais rien n’est dangereux et les lieux sont plus apaisants qu’autre chose.

Dans ce décor enchanteur, Anne-Virginie et Anicet savent bien recevoir. L’accueil réservé aux invités est assez magique. Les bâtiments, dont la boutique aux produits soignés et la cantine gastronomique, sont modernes et lumineux. « Le plus beau cadeau qu’on peut se faire, c’est de rencontrer les gens qui achètent nos produits, dit Anne-Virginie. On a envie que les gens viennent nous visiter à Ferme-Neuve et prendre du temps avec eux pour qu’ils comprennent notre territoire, qu’ils goûtent nos miels. Aujourd’hui, les artisans du Québec vendent plus qu’un produit. On vend un entrepreneur, on vend une âme, on vend un sourire derrière un pot de miel. » Et les visiteurs de Miels d’Anicet lui rendent bien la pareille puisqu’ils sont de plus en plus curieux de comprendre leurs méthodes de travail et de découvrir ce miel au goût unique.

Anne-Virginie Schmidt et Anicet Desrochers, photo Simon Jodoin

Si Anicet et Anne-Virginie ont réussi leur pari d’influencer la culture du miel au Québec, leur entreprise profite aussi d’un rayonnement international qui n’est pas banal. Tout débute par un projet de vie commun où leurs rôles diffèrent mais se complètent. « Anicet avait envie de devenir un éleveur de reines, de développer une abeille adaptée au territoire québécois donc plus rustique que des abeilles italiennes, par exemple. Son rêve est vraiment d’être un entomologiste de l’abeille, d’être vraiment dans la génétique. Et moi je commercialise ce miel, je développe cette culture. Mon rôle est axé sur une éducation du miel alors que le sien tourne autour de la protection de l’abeille, au rang mondial, parce qu’on se promène beaucoup à l’international. » Leur défi actuel est d’amener les abeilles à mieux se battre contre tous les défis dont fait face l’agriculture de nos jours.

Avant de terminer une visite chez Miels d’Anicet, on ne manque pas de goûter aux hydromels Desrochers D – dont la gamme bien connue Beez -, également produits sur le domaine par Naline Dupuis-Desrochers, soeur d’Anicet, et son mari Géraud Bonnet, depuis 2008. On y voit là des partenariats riches qui permettent de comprendre que la miellerie demeure d’abord et avant tout une entreprise familiale qui ne cesse de grandir et d’impressionner, ayant à coeur le développement des abeilles, la mise en valeur du territoire et la fabrication de produits qui font honneur au travail de ces insectes fascinants.

Texte par Valérie Thérien et photos par Simon Jodoin.