Lorsqu’on pense aux Laurentides, ce sont souvent ses paysages grandioses et ses pistes de ski de renommée internationale qui nous viennent en tête. Pourtant, les Laurentides cachent une histoire riche et fascinante. C’est cette histoire qui a servi d’inspiration à Claude-Henri Grignon pour son célèbre roman Un homme et son péché publié en 1933. Maintenant devenue mythique, l’œuvre de Grignon raconte l’histoire de Séraphin Poudrier, un homme avare et sans scrupule, mais aussi celle de la colonisation des Pays-d’en-Haut (des Laurentides).
Depuis 2015, une route historique, la Route des Belles-Histoires, vous permet de découvrir les moments marquants de la région. En parcourant les quelque 284 kilomètres qui relient Saint-Jérôme à Mont-Laurier, vous partirez à la découverte de personnages plus grands que nature d’anecdotes savoureuses et d’une histoire qui mérite d’être racontée.
Suivez-nous dans notre découverte des Laurentides à travers ses Belles-Histoires.
C’est l’histoire de deux hommes qui rêvaient grand!
Connaissez-vous le curé Labelle ? Oui, oui, celui qu’incarne Antoine Bertrand au petit écran dans la nouvelle télésérie Les Pays d’en haut. Il s’agit d’un homme dont le rêve va changer à jamais l’histoire de la région!
La route des Belles-Histoires débute à Saint-Jérôme, paroisse dont le curé Labelle sera responsable de 1868 jusqu’à sa mort en 1891. C’est ici que naît son rêve de faire construire un chemin de fer qui relierait les Pays-d’en-Haut à Montréal. On vous l’avoue, avant notre séjour dans les Laurentides, on ne connaissait cet homme que de nom. Pourtant, ici on le retrouve partout! On a l’impression que chaque ville et chaque village a une rue qui porte son nom.
Le P’tit Train du Nord
Saviez-vous que c’est une tempête de neige qui a permis la création du « P’tit Train du Nord » ? En effet, lorsqu’un hiver rigoureux provoque une pénurie de bois à Montréal, le curé Labelle fait envoyer 80 voitures pour ravitailler la métropole. Il prouve ainsi l’utilité d’un chemin de fer reliant les Pays-d’en-Haut à Montréal et reçoit enfin les fonds nécessaires pour en commencer la construction.
Une visite de la magnifique cathédrale de Saint-Jérôme, où l’on retrouve une exposition dédiée au curé Labelle, nous apprend que son rêve est devenu réalité en 1876 alors qu’est inauguré le premier tronçon du chemin de fer reliant Montréal à Saint-Jérôme. Le « P’tit Train du Nord » voit alors le jour. Et ce « p’tit train » sera le fil conducteur de notre visite à travers la route des Belles-Histoires!
C’est l’histoire d’un « p’tit train » qui fait son chemin
Parcourir la Route des Belles-Histoires, c’est un peu comme partir à la chasse de petites gares patrimoniales. Et ces gares ont su charmer les amoureux d’histoire que nous sommes.
Notre premier arrêt ? La Gare de Saint-Jérôme construite en 1897. Faite de pierre, sa façade extérieure nous rappel l’importance que joue cette ville dans la région. En poursuivant notre route, on croise également les gares de Prévost, de Val-David, de Sainte-Agathe-des-Monts, de Saint-Faustin-Lac-Carré. Chacune à sa petite histoire et un caractère particulier. À Sainte-Adèle, on visite la gare de Mont-Rolland où on nous explique l’influence de la famille Rolland, propriétaire d’une usine de pâte et papier, sur la région! Et comment ne pas tomber amoureux de la petite gare d’Arundel ?
Aujourd’hui, la vocation de ces gares a changé, le train ne s’y arrête plus depuis 1981. Mais le rêve du curé Labelle persiste toujours ; 140 ans après son inauguration. Pas envie de prendre votre voiture ? Pourquoi ne pas suivre la Route des Belles-Histoires à vélo!
Un arrêt au musée du ski des Laurentides à Saint-Sauveur nous permet également de comprendre que l’arrivée du « P’tit train du Nord » ne marque pas uniquement l’aboutissement d’un rêve pour le curé Labelle. Il s’agit également du début de l’essor touristique de la région qui devient rapidement une destination privilégiée des Montréalais en quête de plein air.
Que vous soyez skieurs ou non (on a un peu honte de vous dire qu’on n’a jamais enfilé de skis de notre vie!), le musée du ski des Laurentides est un endroit fascinant. On y apprend que les familles les plus pauvres se servaient autrefois de lattes de tonneau en guise de skis. Que Herman Smit Johannsen, mieux connu sous le nom de « Jackrabbit », est l’un des pionniers de l’industrie du ski dans les Laurentides et qu’il a vécu jusqu’à l’âge de 111 ans. Le secret pour vivre éternellement serait-il le ski? Et saviez-vous que le premier remonte-pente en Amérique du Nord a été installé à Shawbridge en 1931? Bref, on en est ressortis ravis et avec une petite envie d’enfiler des skis pour la première fois!
C’est l’histoire d’une région qui a gardé son air d’antan
Lors de notre visite dans les Laurentides, on a parfois eu l’impression de se retrouver ailleurs, comme suspendu entre deux époques. Chaque ville, chaque petit village gardent des traces de sa période de colonisation. À certains endroits, on a l’impression que le temps s’est figé au début du siècle dernier.
En plus des jolies gares qui à elles seules valent le détour, les Laurentides regorgent de trésors architecturaux rappelant l’histoire de la région!
Partout, on retrouve des édifices de style Boom Town, style fort populaire dans les années 1910-1920. Il s’agit là de l’un des coups de cœur de notre visite. Gardez donc l’œil et tentez de repérer ces édifices qui se démarquent souvent par leurs couleurs et leurs détails!
Boom Town
Les édifices de style Boom Town sont très populaires au Québec au début du 20e siècle, particulièrement dans les villes qui connaissent une explosion démographique liée au développement industriel.
On les reconnait par leurs toits plats et leurs façades verticales souvent munies de balcons ouverts. On les appelle également «maison à façade postiche » en raison de leur ressemblance aux décors du cinéma western!
À Huberdeau, ce joli village aux abords de la rivière Rouge, on a aussi l’impression de plonger vers une autre époque, de faire un saut dans le temps. Il y a quelque chose d’agréable et même de réconfortant dans ce retour en arrière. À Huberdeau, c’est à la station d’essence tout droit sortie des années 50 que se réunissent des ados, c’est à l’église qu’on organise une vente de pâtisseries pour fêter la Saint-Jean-Baptiste et c’est grâce à des affiches peintes à la main que l’on s’oppose au transfert des enfants vers une autre école. Ce doux portrait témoigne de l’esprit de communauté qui semble régner dans ce petit village où l’on remarque sans doute rapidement que nous sommes étrangers!
Caché au sommet du mont du village se trouve l’un des plus beaux chefs-d’œuvre religieux du Québec: le Calvaire d’Huberdeau. Classé patrimoine culturel du Québec, le Calvaire d’Huberdeau témoigne de l’époque où la religion occupait une place centrale dans la société québécoise. Construit entre 1910 et 1920, le site servait de lieux de pèlerinage, une pratique fort populaire à l’époque.
Que vous soyez croyant ou non, le Calvaire d’Huberdeau mérite que l’on s’y arrête. Nous avons nous-mêmes été agréablement surpris par la beauté de l’endroit et par les vues exceptionnelles sur les vallées avoisinantes et sur la rivière Rouge.
Quelques kilomètres plus loin, le village de Brébeuf offre un scénario similaire. Mais ici, ce qui fascine, c’est le magnifique pont couvert Prud’homme, un pont de bois construit en 1918. Il était appelé à l’époque pont de l’Armistice – rappelons que la Première Guerre mondiale vient de se terminer au moment de sa construction. Il ne prendra le nom de Prud’homme qu’en 1957 en l’honneur de l’une des familles souches de la municipalité.
Nous aurions pu passer des heures à photographier ce pont d’un rouge vibrant qui semble se marier parfaitement avec le paysage qui l’entoure.
C’est l’histoire d’un amour profond pour l’art
La Route des Belles-Histoires, ce n’est toutefois pas uniquement pour les historiens en herbes. Les amateurs d’art y trouveront également de quoi se réjouir! En effet, on s’est rapidement rendu compte qu’ici art et histoire vont de pair.
À Sainte-Adèle par exemple, une série de murales racontent les grands moments de la région. Il est d’ailleurs possible d’en faire la visite en carriole, question de vraiment se mettre dans l’ambiance de l’époque. Faute de temps, nous n’avons pu faire cette activité, mais l’idée nous paraît intéressante. À Val-David, une visite de l’allée des créateurs nous permet de rencontrer plusieurs artistes de la région. Et saviez-vous que c’est à Val-David qu’on a ouvert la toute première boîte à chansons au Québec en 1959? Il s’agit de la Butte à Mathieu qui a accueilli certains des plus grands chansonniers québécois jusqu’à sa fermeture en 1976. On s’imagine très bien Félix Leclerc y entonner les airs de sa chanson « Le train du nord »!
Puis, un arrêt à Saint-Faustin-Lac-Carré nous fait découvrir la charmante Maison des Arts et de la Culture. Cachée dans l’ancien presbytère du village de Saint-Faustin, cette maison renferme de fabuleuses expositions (qui changent toutes les neuf semaines). Entre peintures et sculptures, on ne sait plus où mettre de l’œil. Nous avons été particulièrement impressionnés par les superbes pièces d’art textile que l’on retrouve au deuxième étage. Dehors, vous trouverez également le point de départ d’un circuit extérieur de 17 sculptures.
Si comme nous la route vous ouvre l’appétit, ne manquez pas de vous arrêter à la Fromagerie Mont-Tremblant où vous pourrez déguster de délicieux fromages du Québec.
Notre journée se termine dans le magnifique village de Mont-Tremblant situé aux abords du lac Mercier. Dès le premier coup d’œil, c’est le coup de foudre. Tout de cet endroit nous donne envie d’y rester. On s’imagine très bien passer la journée étendus sur la petite plage municipale. Ici aussi l’art occupe une place importante. Ne soyez pas surpris de retrouver des artistes au travail sur la Place de la gare. Comment ne pas être inspiré devant un tel paysage ? Convertie en centre d’exposition, l’ancienne gare de Mont-Tremblant est un véritable joyau pour les amateurs d’art.
Voilà comment se termine notre première journée sur la Route des Belles-Histoires. Mais cette route, c’est bien plus que des belles histoires, c’est également de belles découvertes et de belles rencontres. Tous les gens que nous avons croisés sur notre chemin nous ont montré à quel point ils sont fiers de leur région. Chacun à leur façon, ils nous ont permis de comprendre ce qui fait des Laurentides un endroit à découvrir!
Où dormir en chemin ?
Pour un peu de repos après une journée passée à découvrir les Laurentides à travers ses Belles-Histoires, arrêtez-vous à l’auberge Au Clos Rolland, Couette et Café à Sainte-Adèle. Ayant appartenue à l’une des familles les plus influentes de la région, la famille Rolland, cette maison vous plongera en plein cœur de l’histoire de la région. N’hésitez pas à demander à Sylvain, le propriétaire, de vous raconter les anecdotes croustillantes de cette famille! Il s’agit de l’endroit parfait pour reprendre ses forces avant d’entamer la seconde portion de notre aventure.
Demain, direction Mont-Laurier!
À lire aussi, Découvrir les Laurentides à travers ses belles histoires de Labelle à Mont-Laurier.
Signé,
Marie & Michaël
À propos du blogue Entre 2 Escales
Marie & Michaël sont en couple depuis maintenant 10 ans et ils partagent le même amour pour le voyage, mais aussi pour la bonne bouffe et pour l’histoire !
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